Pratiques de copiage des internautes français

UFC que Choisir

Dis maman, je peux t’emprunter ton CD d’Alizée pour l’écouter sur mon baladeur MP3 ?

Et bien profitez-en car ça risque de ne pas durer. Alors que nos élus s’apprêtent à voter la fameuse loi DADVSI, une enquête toute fraîche vient de sortir et démontre pourquoi ça ne sert à rien si ce n’est à brider un peu plus les libertés dont on dispose.

Tais-toi et achète répond maman Sarko.

Selon la synthèse de l’étude, la copie et l’usage illégal du P2P s’expliquent par plusieurs facteurs :

  • un effet d’imitation et de contagion sociale
  • l’accès à une diversité culturelle plus importante
  • le prix perçu des originaux
  • les compétences informatiques et dans une moindre mesure, le niveau d’études
  • le revenu, le lieu d’habitation et les professions et catégories socioprofessionnelles (PCS)

C’est intéressant de noter que les facteurs socioculturels prédominent. L’effet de mode y est associé car malgré tout, il y a toujours un effet de mimétisme, plus ou moins fort selon notre caractère et nos opinions.

Alors pourquoi toute cette répression :

  • le comportement de copiage n’est pas le résultat d’un arbitrage rationnel coûts-bénéfices
  • un contrôle des échanges P2P ne soit pas suffisant en soi pour empêcher le partage illégal de contenus
  • la perception du risque juridique des individus interrogés

On ne pirate pas quelque chose parce que c’est cher mais bien parce qu’on y porte un certain intérêt (personnel, pour être comme les autres, par goût) et qu’on souhaite y avoir accès. Intervient alors le frein (pas assez d’argent, trop cher, indisponibilité) et la facilité procurée par le P2P : un clic, un peu d’attente et c’est dans la poche. Qu’est-ce qu’on y perd ? La légalité, la boîte et la jaquette. Qu’est-ce qu’on y gagne ? Une dépense monétaire en moins, un bien immédiat (quoiqu’un peu altéré).

§Pourquoi mettre fin à la copie privée ?

Raison officielle : pour empêcher le piratage

Mon opinion : à part mettre dans l’illégalité, ça ne changera rien. Qui n’a jamais encodé un CD en MP3 pour l’écouter dans la voiture ou sur son PC? Qui n’a jamais téléchargé de MP3 sur Internet car le CD était “protégé” (contre son acheteur) pour ne pas être lu sur un PC (super la protection, ça emmène une personne de plus dans le système contre lequel la sécurité est censée mettre à mal)? Qui n’a jamais gravé une compilation musicale pour une connaissance afin de partager ses goûts?

On rentre tous dans au moins une catégorie. Personnellement, je n’écoute jamais mes CD originaux à part dans une voiture ayant un lecteur CD. Pourquoi ? Parce que c’est beaucoup plus pratique d’avoir sa collection musicale d’un coup, sans compter qu’on n’est pas tenu d’écouter tout un album en entier. J’ai également apprécié de pouvoir partager mes goûts et les faire apprécier alors que dans le cas contraire, les personnes en question n’auraient peut-être jamais découvert tout ceci d’elles-mêmes. J’en fais des acheteurs potentiels.

Maintenant je comprends tout à fait qu’empêcher la copie privée empêche de diffuser du contenu aquis illégalement. Mais dans ce cas nous sommes tous des criminels sans pitié.

§Pourquoi obliger les systèmes DRM ?

Raison officielle : pour sécuriser le contenu et le contenant

Mon opinion : tout système sans système numérique de droits devient illégal. En clair, films amateurs, musique libre, logiciels libres et tout le tra la la = illégal. Juste parce qu’ils n’ont pas de système numérique de droit … mais pourquoi en auraient-ils puisqu’ils sont libres ?

Dans le cas des oeuvres protégées, c’est surtout destiné à empêcher leur copie et leur échange. La musique d’un copain te plait ? Désolé va falloir l’acheter, même si c’est juste pour y prêter une oreille. Tu as un MP3 protégé mais tu veux le sauvegarder sur un CD ? Désolé tu ne peux pas car on te protège contre les méchants qui veulent copier des oeuvres protégées. Bien joué et je mets au défi quiconque se souvient de la totalité de ses mp3 protégés présents sur un disque dur lors d’un crash.

Lire une ouvre protégée sur un système libre devient également impossible : adieu linux, MacOS X quand tu voudras et votre baladeur MP3 datant de plus de 2 ans au revoir. Là encore adieu la liberté : on écoutera la musique comme on l’aura décidé pour nous, pas comme on le voudra. Si je fais le choix de m’enfermer dans une salle obscure pour visionner un film, c’est par choix et non parce qu’on me l’impose.

§Pourquoi devrais-je avoir peur ?

Raison officielle : pour rien car c’est pour notre bien (et celui de notre portefeuille)

Mon opinion : un “consommateur/client” parfait possède Windows XP (dont il aura payé la licence bien sûr), un baladeur numérique compatible (dont tu seras obligé le logiciel de transfert au passage sous peine de ne rien pouvoir en faire), beaucoup d’argent, des goûts de merde et surtout pas d’amis. N’oublions pas qu’on n’aura pas le droit de se prêter quoique ce soit qui soit protégé (ouh non surtout pas de livres), qu’on devra forcément écouter l’album de la Star Ac 25 et de DJ Boby et surtout, qu’on n’ait pas le DROIT de consulter autre chose que des oeuvres protégées.

Exemple tout bête : un documentaire sur Arte vous a plu. Vous aimeriez le regarder plus tard et éventuellement le passer à quelqu’un. Pas de chance, il n’existe pas en DVD. Vous voulez le télécharger sur eMule ? Oui c’est possible mais illégal. Pourquoi ? Parce que des gens ont décidé que tous les pirates font systèmatiquement perdre de l’argent en n’achetant pas ce qu’ils ont téléchargé.

Vous pouvez également avoir peur du fait que la justice se retrouve à être dictée par les sociétés les plus riches de la planète mais désireuses de l’être encore plus.

Je n’aurais jamais découvert Blind Guardian, Sopor Aeternus ou Dark Sanctuary en MP3 : je n’en aurais jamais entendu parler et je n’aurais jamais rien acheté d’eux. L’ouverture culturelle et la liberté devraient subir la cupidité et l’avidité ? Il faudrait plutôt déterminer QUI y perd QUOI car d’après cette étude (indépendante je précise sinon les chiffres ne valent rien), les plus gros téléchargeurs sont également les plus gros consommateurs.


Lire l’enquête sur les pratiques de copiage des internautes français.