Contrat Première Embauche : côté obscur ou pas ?

Dans mon premier billet consacré au CPE, j’étais réceptif à ce projet de loi mais sceptique quant à ses limites (période d’essai, licenciement sans motif). Plus j’en discute autour de moi et plus je me rends compte que les arguments “contre” ne sont pas si viables que ça. Et si ça pouvait marcher en fin de compte ?

Je m’apesantirai dans un futur billet sur les blogs et ce que j’en pense. On peut en effet y trouver du bon et du moins bon. Quand on sélectionne ses sources, elles peuvent devenir plus intéressantes et enrichissantes que le journal de 20 heures. C’est souvent le cas avec le journal d’un avocat qui, comme son nom l’indique, est un blog tenu par un avocat au Barreau de Paris. Il m’a permis d’éclairer mes quelques doutes quant à certains problèmes potentiels du CPE.

D’un point de vue purement personnel, je pense que les manifestations vont au-delà du simple problème du CPE : certains y voient un intérêt à ne pas aller en cours, d’autres à soutenir par “solidarité” (encore faut-il comprendre de quoi on parle) et d’autres préfèrent manifester parce qu’on touche à leurs intérêts. Oui, l’intérêt à être au chômage. Même avec un diplôme en poche, c’est pas évident d’avoir un boulot. Je ne vais pas paraphraser ce billet mais je vais en profiter pour le synthétiser et faire fi des fausses idées propagées :

  • la “grève” est un abus de langage : la grève est le fait d’arrêt volontairement son travail pour des raisons professionnelles. Un étudiant ne le peut donc pas puisqu’il n’est pas payé. Il peut manifester, s’insurger mais pas “gréver”.
  • le CPE ne peut pas être purement et simplement retiré : seul le conseil constitutionnel peut s’y opposer ou bien la loi peut être revue par le Président de la République. Le retrait en dehors de ces conditions serait une violation de la constitution française. Un comble pour ceux qui entendent la défendre en souhaitant le retrait.
  • on ne peut licencier sans motif. Il y en a toujours un, faux ou pas. Et s’il y a un abus, le salarié a 1 an pour se porter au Prud’hommes (constitué à 50% d’élus syndicaux).
  • 2 ans, ce n’est pas la durée de la période d’essai mais celle dite de consolidation. Pendant la période de consolidation, un préavis doit être respecté, de quinze jours ou un mois, et une indemnité de 8% du salaire brut est perçue par le salarié. Rappelons que pour un CDI, le préavis est de deux mois. Surtout, l’indemnité légale de licenciement dans le cadre d’un CDI n’est due que pour les salariés ayant plus de deux ans d’ancienneté (article L.122-9 du Code du travail) et elle est de deux dixièmes de mois par année d’ancienneté. Le CPE est donc même davantage protecteur qu’un CDI ordinaire.

Se pose toujours la question des crédits à cause de la précarité de l’emploi. Il faut savoir que même avec un CDI, il est difficile d’obtenir un prêt car les banques veulent se couvrir au maximum en cas de problème. Les meilleures conditions d’obtention d’un crédit (immobilier, voiture etc.) sont d’être jeune, d’avoir une stabilité d’emploi, d’avoir des garants en cas de problème. Même si les banques annoncent qu’elles prêteront aux détenteurs d’un CPE, je n’y crois que moyennement mais dans tous les cas, doit-on prendre des risques pour un crédit qui engage quand même à moyen terme alors qu’on n’a pas de certitude ? Je pense que non. Même avec un CDI la certitude n’existe pas.

Le CPE doit avant tout être vu comme une facilité pour les employeurs d’embaucher : avoir un travail est plus important que tout. Si on est viré au bout de deux ans (ce qui peut être contesté par le salarié), on aura quand même 2 ans d’emploi. C’est mieux que 2 ans de chômage ou de boulots par intérim.