Du choix de la liberté

Lorsque le premier PC familial a débarqué à la maison, c’était en 1997. Facile à retenir : c’est cette même année que j’ai redoublé (la classe de seconde, vive le lycée). Trève de bavardage, j’ai donc fait mes armes sur Windows 95. Il était pré-installé sur l’ordinateur et mes connaissances de l’époque m’indiquaient qu’à part ça et MS-DOS, je n’avais guère de choix. Les années passèrent puis vinrent Windows 98, Windows 2000, brièvement Windows Me et Windows XP.

Bref, aucune raison de changer.

Windows Vista Logo

Windows XP a été pour moi un système stable et quasiment dépourvu d’écrans bleus. Une mise en réseau facilitée (terminé les heures passées à configurer / rebooter pour jouer à Quake II en réseau local), une interface simple et des performances de jeux supérieures à Windows 2000.

§La première expérience Linux

Ma première expérience sur un système d’exploitation non-Windows fût la Mandrake 8 ou 9. Probablement la 8 d’ailleurs. Elle est restée une demi-journée sur mon ordinateur : je ne comprenais rien au système de partitionnement (ext2, ext3 qu’est-ce que c’est ?), je n’arrivais pas à utiliser mon modem ADSL ni à partager la connexion Internet de l’autre PC familial. Bref, aucun intérêt.

Ca devait être en 2001. 3 années passèrent, les études étaient terminées. Malgré tout, j’étais désireux d’en savoir plus sur ce système d’exploitation aux noms variés : Debian, Fedora Core, Mandrake (puis Mandriva), Yellow Dog, Ubuntu, Suse (puis OpenSuse) etc. Mon choix se porta sur Fedora Core 3 à cause de son soutien assuré par Red Hat. Le serveur dédié d’Emu Nova étant à l’époque une vieille Red Hat, ceci explique cela.

Fedora Core 3 resta sur mon PC en dual boot avec Windows XP pendant un moment, le temps de flinguer entièrement l’installation et de passer à Fedora Core 4. Un peu intégriste dans l’âme, je n’envisageais pas de passer à autre chose mais bon, 95% de mon temps se passait encore sous Windows. Fedora était bien mais vraiment trop lente à mettre à jour sans compter qu’elle manquait de finition (bugs de clavier inexpliqués, mises à jour de version un peu casse-cou, système de mise à jour pas vraiment automatisé etc.).

§Ubuntu : Linux pour les êtres humains

Ubuntu arriva alors. Installation simplissime, aucun problème, tout fonctionnait au quart de tour. Mon principal critère était la finition de la distribution (ce qui était et est toujours le cas), le système de gestion de paquets au point (apt-get, ça m’évitait d’installer Debian, n’étant pas assez sûr de moi à ce niveau). Mais là encore, je démarrais sous Windows les 95% du temps.

Jusqu’au jour où j’ai modifié le chargement par défaut de mon système d’exploitation pour mettre Ubuntu en me disant maintenant tu vas apprendre. Et j’ai appris. Maintenant je démarre Windows … 5% des fois (même pas une fois par semaine) et très souvent pour une seule application : Dreamweaver (je me soigne, bientôt je passerai à autre chose promis).

§Du choix de la liberté

Après avoir suivi Window pendant tant d’années, pourquoi le quitter et passer à un système qui me ferait passer pour un geek ou un marginal de première ? Par choix. Par soucis de liberté. Par philosophie.
Ce n’est cependant pas une explication valable pour tout utilisateur Windows averti : Windows XP marche bien, très bien même alors qu’y a-t-il de mieux sous Ubuntu (et le monde Linux en général) que n’a pas Windows ?

Même réponse : le choix et la liberté. J’ai souris il y a quelques jours en lisant un article concernant l’importance du choix pour les moteurs de recherche. Que ça soit en informatique comme en téléphonie, en sociétés de service, en transport … en tout ce que l’on peut imaginer, il faut du choix. On l’a trop souvent constaté, le monopole entraîne souvent un verrouillage du marché (France Télécom par exemple), un attentisme (idem) … bref, rien de positif si le monopole se repose sur ses lauriers en se contentant de compter les deniers arriver dans sa poche.

Si Windows XP en lui-même est un système d’exploitation suffisamment performant pour travailler, j’ai en revanche pris conscience du danger à suivre la politique d’une société prête à tout pour faire passer les intérêts des industries au détriment de l’utilisateur. Si le système d’exploitation devrait être la pierre angulaire de l’ordinateur (que ça soit un PC, un Mac ou autre), il ne devrait en aucun cas le brider. Ca vous plairait si votre ordinateur vous affichait un message d’erreur avec impossible de lancer votre DVD, il n’a pas été acheté dans un magasin agréé Microsoft ? Je ne pense pas. Pourtant si on ne se dirige pas vers une telle situation (pas encore tout du moins, peut-être qu’un jour … non, je ne le souhaite vraiment pas), on tombe dans des situations fort discutables. L’avenir tel qu’il a été imaginé par Microsoft est pourtant troublant lorsqu’on veut bien y prendre garde :

  • verrouillage du système en cas de copie jugée pirate (on n’est pas à l’abri d’un bug ni d’un détournement du processus)
  • verrouillage du système en cas de logiciel tiers jugé frauduleux (qui juge ? sur quel(s) critère(s) ? quel recours sont à notre disposition ?)
  • validation obligatoire des pilotes matériels ; sur la version 64 bits mais d’ici 5 ans ça sera devenu un standard (que faire de ma vieille imprimante ? le constructeur de ma carte vidéo ne fournit pas de pilote certifié, comment faire ? le matériel du labo n’est plus reconnu, que faire ?)

Il y a 10 ans, on achetait un système d’exploitation Windows et on l’utilisait à notre guise. Aujourd’hui (et peut-être demain, ça dépend de vous) on l’achète et on doit se plier aux barrières érigées. Le mythe du Big Brother dans toute sa splendeur. Quand je parle de liberté, c’est cette liberté : celle de pouvoir utiliser son ordinateur librement, sans être volontairement contraint à suivre les délires de son concepteur. C’est pour ça que le choix est important : il permet de dire STOP ! tu vas trop loin, je vais voir ailleurs.

Demain, dans 5 ans, dans 10 ans et même plus, je sais que pourrai toujours utiliser mon ordinateur à ma convenance pour écouter la musique que je veux, visionner les films que je veux, utiliser les logiciels que je veux, accéder à Internet comme je veux. Et vous ?