☕️ Journal : Visio sans liens sociaux

Deux bouts d’une même histoire se rejoignent. Ça concerne les étudiant‧es du Master innovation et transformation numérique.

Contexte : j’ai fait le choix de donner des cours en présence, et en ligne via un logiciel de visioconférence (genre Zoom. Les deux simultanément.

Une partie des élèves est venue sur place, une partie est venue en ligne… et une partie n’est pas venue.


Mon binôme d’enseignement se/me demandait comment les étudiant‧es coopéraient. Comment est-ce que les profils techniques interagissaient avec les profils moins techniques.

Je ne savais pas :

  • les plénières (30 min) ne révélaient que rarement les interactions — et c’était déjà le cas durant les années pré-pandémie ;
  • les groupes de travail (1h/1h30)… et bien je n’avais connaissance des interactions qu’en rejoignant leur salle de répartition (Breakout room). Leurs interactions s’arrêtaient lors de mon arrivée, se focalisaient sur ce que je pouvais apporter. Et je repartais en n’entendant plus rien de ce sous-groupe.

En étant organisateur, je ne voyais ni n’entendais les échanges de mes étudiant‧es. Je suis donc dans l’incapacité à apporter des éléments de réponse à mon binôme.


Qu’est-ce que pensent les étudiant‧es de l’utilisation de la visioconférence pour les cours ?

Celleux qui sont venu‧es ont fait ce choix pour avoir un “quelque chose en plus”, l’aisance à montrer/poser des questions/lever la main — y compris en fonction de ce qui se passait dans les autres groupes en ligne (iels voyaient à l’écran le contenu de la visioconférence).

Les étudiant‧es en ligne ont indiqué un sentiment d’efficacité. Une efficacité qui est à la fois un résultat apprécié, et un “conduit” dans lequel iels sont placé‧es. En plénière ou en groupe, la parole occupe tout l’espace sonore : impossible de s’en détacher, à moins de couper son micro et d’avoir recours à un autre outil technique pour communiquer/parler.

Indirectement, l’aspect focalisé des outils de visioconférence a réduit leur capacité à interagir dans des modalités autres que celles qui leur étaient offertes (plénière ou sous-groupe).


Les logiciels de visioconférence accentuent/visibilisent encore plus le biais de la parole, et la focalisation de l’écoute d’une personne, par un groupe entier.

Les fonctions sociales sont réduites au minimum, et la créativité (agency) est inexistante. Si elle existe, c’est toujours à l’initiative de la personne de pouvoir, celle qui a les codes de la salle.

Des outils comme Gather.town repoussent cette limite. Gather propose des briques et un espace, tandis que les participant‧es s’organisent et se déplacent à l’envi.