D’autres éléments sont venus se greffer à la flemme de jeter/recycler du verre :
Une vidéo YouTube plus tard, et mes premiers 6 kilos de miso étaient en route :
Il m’en reste moins de 3 kilos, 1 an plus tard. J’en ai consommé/donné 3 kilos — le temps d’attendre une maturité de 6 mois qui le rend doux et savoureux.
Au détour d’une discussion, j’apprends qu’un copain cultive lui-même son ferment, l’aspergillus oryzae.
Prochaine étape : l’inoculer moi-même sur du riz ou une autre céréale locale… pourquoi pas de l’orge, du sarrasin ou du petit épeautre/engrain ?
]]>Lors de l’augmentation des loyers fin 2022, on avait proposé trois options :
À partir du 1er janvier 2023, ce sont 11 tranches de 10€HT qui sont contribuées chaque mois. Elles financent les 4 loyers inchangés.
Au 31 décembre 2023, on a sanctuarisé le solde des tranches inutilisées. Elles ont été converties en bureau suspendu. Un bureau à temps-partiel, gratuit, sur douze mois.
]]>Rien dans le cas où l’établissement ne propose pas de procédure dématérialisée.
service-public.fr fait encore une fois super bien le boulot. En plus du formulaire, la notice explique qu’il faut fournir ces éléments :
La prison est un lieu d’isolement. Je trouve ça cocasse de prouver qu’un lien social est vecteur d’insertion sociale.
Un appel téléphonique avec le service visites de prison fait également état de ces documents :
Une enquête sera menée. Elle déterminera si mon passé judiciaire entravera ou autorisera l’établissement du permis de visite.
Le consentement de la personne enfermée sera demandé.
Cette opération est à renouveler pour chaque détenu‧e à visiter, par chaque visiteur‧euse.
]]>Au titre de mon activité professionnelle, je compte donner à :
L’annonce vocale mentionne que le plan Vigipirate est en vigueur—parce que les bagages sans étiquettes, tout ça tout ça.
Une visite de page Wikipédia plus tard, je réalise que ce plan m’accompagne depuis plus de 30 ans. Les trois quart de mon existence de vie.
Je ne sais pas si c’était lié aux attentats (caractère éphémère) ou à la définition du mot « plan », mais je me racontais qu’un plan, ça avait un début et une fin, comme dans un projet.
Je conçois peu pas du tout un corps en état de vigilance permanent. Ou alors si, trop bien : ça use, ça produit des cancers, on écoute de la merde, on dit de la merde—quand on analyse sous le prisme de la vigilance. C’est l’équivalent d’un système réactif dans un cadre interactionnel peu sécurisé.
D’ailleurs, c’est ce qui a l’air de se produire sur les corps et les esprits des soldats mobilisé‧es. Fatigue, usure, épuisement. Un bel acte de comédie sécuritaire dirait David.
J’ai du mal à évaluer ce qu’on a évité comme galères avec ce « plan », parce que je ne vois que les balles et coups de couteaux qui sont passées entre les mailles du filet.\
La mesure d’impact d’État planificateur.
Ce morceau de texte écrit, je peux refermer cet onglet de navigateur qui restait ouvert en guise de mémo. C’est glisser le livre « Caliban et la sorcière » dans mon sac qui m’y a fait penser.
]]>ta question
mes interrogations
ce qu’il y a derrière, les raisons.
clarifier les intentions ?
sans réponse
c’est vide de sens.
je suis sans
dessus-dessous.
Tu es forte.
Ce à quoi tu réponds :
]]>Je n’ai pas choisi d’être forte.
J’ai été obligée de l’être.
J’y ai réfléchi, constaté que j’ai beaucoup énergie et de disponibilité mais absolument aucun enthousiasme à avoir une discussion avec toi. Je te suis reconnaissant d’avoir organisé les XYZ où j’ai tant appris. J’ai aussi fait le deuil de notre relation, elle ne me manque pas.
Si toutefois tu as envie d’emprunter un chemin équivalent à ce que décrit par bell hooks dans “la volonté de changer”, je suis ok de me rendre disponible.
Sinon, j’en resterai à des interactions basiques dans les groupes sociaux qu’on a en commun.
Plongée sémantique — censure, quartier d’isolement, maton, cantiner, permission, semi-liberté, détention, milieu ouvert/fermé, l’Envolée, transfert, soutien, demander un parloir, répression, fouille intégrale, maison centrale, surveillant‧e, promenade, recours administratif…
Des descriptions, des sensations, un poème, des feuilles, des enveloppes, des timbres et systématiquement :
Cette enveloppe contient… trois petits points
1 femme meurt tous les 2,5 jours sous les coups de son conjoint,
1 personne meurt tous les 3 jours en prison,
1 enfant meurt tous les 5 jours des adultes qui en sont responsables.
Délicatesse, tendresse, force.
Une nouvelle correspondance s’amorce.
Ça va, tu ne te sens pas seul ?
Cette question, on me l’a beaucoup posé samedi, quand je tenais le bar.
Quand il n’y a personne autour de moi,
même quand il n’y a personne pour me demander une bière ou un verre,
je me repose des moments de sociabilité,
je suis le parcours de la lune dans le ciel,
je repense à un truc que j’aurais aimé ne pas dire,
et à préparer les excuses qui vont bien,
j’observe des groupes de gens, leur attitude, leurs regards,
je me laisse imprégner par l’ambiance tout autour,
je sens les fibres de mes muscles qui se tendent et se détendent quand je balance mon corps,
je repense à des trucs dont je suis fier,
je pense aux personnes qui seront contentes de m’y trouver,
je pense à ma disponibilité, à ce que ça fait de ne pas être envahi, encombré,
je repense à des moments où j’ai vu des gens heureux‧se, s’illuminer,
je regarde à nouveau la lune, constate sa course millimétrée,
je pense à ce que je vais dire quand on me posera à nouveau cette question.
Quand il n’y a personne autour de moi, je ne me sens pas seul.
Quand je suis en groupe, là je peux me sentir seul.
Quand je suis en groupe, demande à l’aide, et que ça reste sans réponse, là je me sens seul.
Quand on est deux, que tu (te) parles, je me sens seul.
Quand on était petit, et que les parents s’engueulaient, je me sentais seul.
Quand je partage un truc qui me plait, et qu’on me dit que ça ne sert à rien, je me sens seul.
En fait, il habite juste au-dessus de cet endroit, au bout d’un long chemin en terre. Ça fait 30 ans qu’il me dit.
30 ans, sans eau courante ni électricité.
La maison, il l’a construite petit à petit. Il y est bien.
Bon, quand ça vente fort, il y a bien une tuile ou deux à replacer pour éviter les infiltrations d’eau.
Ça demande de la maintenance.
dit-il, pour conclure ce paragraphe.
Il a accepté un boulot de cantonnier — lui qui aime tant la solitude. C’est plus confortable et sécurisant à son âge, avec son corps d’aujourd’hui — je travaille depuis mes 16 ans
.
Enfant, il est invité avec son père chez une voisine. Elle s’est construite sa propre maison, vivait des légumes de son jardin et d’échanges avec son voisinage.
C’est ce jour là qu’il a su qu’une autre vie était possible, et qu’il ferait probablement pareil.
On arrive à destination,
Il me dépose,
Je le salue la main sur le cœur.
Pour avoir le droit à la parole, il fallait d’abord faire ses preuves d’intégration au modèle social dominant, « entrer » dans l’enseignement, à la Poste ou à la SNCF, chez Michelin, Gillette, dans les assurances : « gagner sa vie ». L’avenir n’était qu’une somme d’expériences à reconduire, service militaire de vingt-quatre mois, travail, mariage, enfants. On attendait de nous l’acceptation naturelle de la transmission. Devant ce futur assigné, on avait confusément envie de rester jeunes longtemps. Les discours et les institutions étaient en retard sur nos désirs mais le fossé entre le dicible de la société et notre indicible nous paraissait normal et irrémédiable, ce n’était pas même quelque chose qu’on pouvait penser, seulement ressentir chacun dans son for intérieur en regardant À bout de souffle.
– Annie Ernaux, Les années (2008)
J’ai songé plusieurs fois à t’appeler,
t’envoyer un texto pour vérifier,
te proposer de se voir avant pour créer
de la détente… mais j’ai préféré
jouer avec ce qui adviendrait,
prendre le risque de ne pas te voir arriver,
et de tes complaintes infinies, les esquiver ;
ces projections, ces histoires que tu te racontes
sans moi, mais en m’impliquant dedans.
Alors je t’ai écris :
(…)
Je suis d’accord avec toi, de penser et de garder les bons moments.
Et les autres moments existent aussi — jugements, rejets et malheurs du monde.
Je ne t’en veux pas, nais je n’en veux plus.
Aussi, pour retrouver de la sécurité dans notre lien, retrouver de la légèreté et de la tranquillité pour nos années à venir, je te propose d’entamer une thérapie (…). D’abord nous deux, et pourquoi pas l’ouvrir à V. et JP, si et quand ça serait le bon moment.
(…)
À 9h05, personne, j’étais soulagé.
Ce n’est pas moi qui t’appellerai.
Ce n’est pas moi qui t’écouterai.
Ce n’est pas moi qui raccrocherai.
Je ne suis plus seul à l’étroit à l’étroit,
dans ces projections que tu te racontes de moi.
J’espère que toi aussi,
la semaine prochaine, ou celle d’après, ou d’encore après
J’espère que toi aussi,
tu ne te sentiras plus seule.
Tu traverses, reconnais des gens en terrasse d’un café.
C’est déjà esclaffes et salutations. Ton dos se cambre quand tu rigoles. Ton allure, tes cheveux, tes vêtements. Je les (re)connais. Je pourrais être là mais je suis en face, de l’autre côté de la chaussée.
J’observe ce qui ressemble mais n’est pas.
Vous vous ressemblez terriblement. Plus je te reconnais (pas), plus je me retiens de ne pas saler le café-sans-sucre.
Notre dernière fois, c’était il y a déjà deux ans.
Je continue à fêter tes anniversaire de naissance dans ma tête.
tu sais, quand tu sautilles un peu, déplace ta gravité d’une jambe à l’autre, mets les mains dans les poches, sors les mains des poches, remets les mains dans les poches. ↩︎
la la la
li li li
lou lou lou
trois petites truites cuites ou trois petites truites crues
est-ce une chaise sèche ou une chaise sèche ?
composer une machine sonore
la faire évoluer
hic hic zoooooom tic tac tic toc
improviser
se regarder
reprendre de plus belle
faire des vagues
de sons et d’émotions
puis se taire
écouter à nouveau
le frémissement des bouches en ô
oser un son
entendre son écho
crier
est-ce que vous m’entendez ?
répéter
est-ce que vous m’entendez ?
commencer à apprécier
cette voix que je peinais à apprivoiser.
Note pour plus tard : rejoindre un circle song — groupe de chant improvisé, avec des mots et/ou onomatopées.
]]>Tu verras quand tu seras plus grand,
Tu ne sais pas bien gérer ton argent,
Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça,
Si ça continue je vais me suicider,
On n’a jamais rien sans rien,
Après tout ce que j’ai fait pour vous,
J’en ai marre, marre, marre,
Je pensais être une bonne mère,
Tu es comme ton père,
Je ne comprends pas ce que j’ai raté avec vous,
Ça fait longtemps que tu ne m’as pas appelé,
Tu es trop sensible,
Tu finiras alcoolique et homosexuel,
Tu as acheté une maison et tu fuis… je ne sais pas quoi,
Tu réfléchis trop,
Tu devrais te poser des questions.
Je ne trouve plus les mots,
Pour te partager mes bas et mes hauts,
Joies rejetées à tour de bras,
Peines ignorées quoiqu’elles adviennent.
On ne choisit pas ses parents,
ni de continuer à relationner amèrement.
Parce que soyons honnête et disons-nous les choses vraies : j’ai beaucoup aimé cette édition de Sud Web.
J’ai fait l’impasse sur les présentations du vendredi, alors ça a plutôt commencé le soir pour l’apéro. Il y avait des boissons non-alcolisées, et un dîner végétarien dans une ambiance au calme, dans un jardin aux senteurs florales.
La samedi, c’était forum ouvert. Une proposition était d’aller se balader en forêt, accessible via la gare de Brax-Lèguevin. On a suivi la loi des deux pieds en changeant d’avis : Alexis s’est reposé, tandis qu’on a sillonné la colline de Jolimont avec Julie, en passant par le parc de l’Observatoire et son cimetière avant de profiter du reste des ateliers au Jardin des Plantes : discussions, lecture, pique-nique végétarien, jeu de cartes, siestes et glaces.
C’est un format idéal pour s’adapter à soi plutôt que de s’adapter aux autres. Tous les autres groupes étaient à distance suffisante pour ne pas se déranger. Il restaient dans leur espace de sécurité/d’intimité tout en profitant de l’espace partagé. Leur expérience avait l’air d’être réussie. En tous cas jusque 18h, heure à laquelle on a rejoint le gite pour terminer la soirée. Encore une fois, dans des conditions qui évitent le bruit, et favorisent l’écoute et la qualité des échanges.
La proposition de l’équipe 2023 — une conférence humaine, de longues pauses pour échanger et un samedi atelier pour construire ensemble
— est une réussite.
Quand on demandait à Julie pourquoi elle était venue, si c’était sa première, elle a répondu qu’elle en avait entendu le plus grand bien. Cette conférence a marqué Maïtané (elle a rencontré tous‧tes ses collègues par ce biais), Alexis (“c’est génial de retrouver ses pairs, et parler de tous ces sujets sans parler de technique”) et aussi Thomas (expérimenter avec le programme, l’éthique et la logistique d’organisation).
En repartant on se disait en rigolant : quand est-ce qu’on remet ça — ce plaisir de se retrouver, et de progresser sur ce qui nous questionne avec des personnes de qualité ?
]]>Un vrombissement, une symphonie de battements d’huile, des bielles butineuses qui s’apprêtent à zigzaguer dans les paysages et leurs lacets bitumineux. Quelle liberté de voler en bande, de se mouvoir jusqu’au prochain début d’hydromel.
Le sol vibre, et mon corps par extension.
Le son envahit tout l’espace — recoins de murs, replis de feuilles et grammes de mon cerveau. Les falaises qui nous encerclent s’en bouchent les oreilles. Les pistons explosent plusieurs fois par seconde, et recrachent leur miel sous forme d’un gaz sonore.
Jésus me regarde, les yeux en étoile et les bras en croix de métal — si seulement il n’était pas cloué là.
Plus loin, propulsé par la force de mes jambes, un chemin de terre taille à travers champs. À nouveau encerclé — des haies fleuries cette fois. La mécanique musculaire ralentit, les pistons osseux grincent dans leur nouvel immobilisme. L’ouïe s’ajuste : elles sont au travail, à fendre l’air, sillonner les bars à pollen tout en orchestrant un ballet à doux décibels.
Je respire, souris, nourri par les parfums, douceurs et retentissements du métal qui annonce l’heure toutes les heures, et tous les quarts d’heure.
Au loin je distingue un clocher, une croix et un méandre de rivière qui dessine des lacets à l’infini.
Je suis bien.
]]>sans un regard
l’eau coule, les oiseaux chantent
une invitation à déposer
l’eau retourne à l’eau
des émotions difficiles à nommer
la rivière se jette dans un bras de mer
le tumulte de l’eau emporte un galet
trois pies se baignent et suivent leur alter
une bulle remonte à la surface
à nouveau dans l’horizon mon regard se perd
prière de faire de la place
le kintsugi, l’art de recoller les bris
pour que le nœud à l’estomac se défasse
laqué or, ou merci chimie, à base de colle époxy
tristesse je te caresse, tristesse je te chasse
quelques heures et le mélange durcit
le dire puis l’écrire libère déjà de la place
j’aurai besoin de temps, perché dans mon nid
larmes et encre coulent,
larmes cool
l’encre sèche.
Les personnes qui perdurent dans ma vie,
c’est en partie à travers/grâce à leurs écrits,
à leurs carnets,
à leur manière de (se) raconter,
de documenter (en public) leurs pensées.
Quand je te lis,
je grandis.
Quand on se (re)voit,
c’était comme si c’était hier — quelque chose comme ça.
Les personnes qui perdurent dans ma vie — à travers temps et distance — une grande partie a en commun des carnets web, une pensée en arborescence hyperliens.
Mon second travail ?
Il employait des personnes estimées — leurs écrits étaient (sont) des sources d’apprentissage (de prise de recul).
Mon troisième ?
Influencé par leur passage de salarié‧e à in(ter)dépendant‧e.
Le quatrième ?
Parce que mes écrits avaient (il s’était) convaincu que notre association était pertinente. (il nous aura menti)
Le cinquième ?
Parce qu’on lisait nos blogs respectifs entre deux “retrouvailles” annuelles à des conférences web. Le calme, le silence et la notion de verticalité des villes de K m’ont marqué à vie. Un jour j’ai voulu être comme tes écrits. J’ai grandi et préféré les cédilles aux kanji.
Il y a la pudeur de la distance et du temps.
(te) lire à mon (notre) rythme.
Entrer en contact (un jour).
Répondre (de suite, ou) quelques mois plus tard.
À distance (d’une performance) — à proximité (d’une complexité effacée) de ta personne.
J’aime rencontrer des personnes qui sont fidèles — à leurs écrits
à qui elles sont — on devient ami‧es
pour ce qui constitue leur richesse — plus longtemps on se dit qu’on vieillit.
J’ai demandé “la modale ?”. Dans ma tête, dissonance : en-dessous, c’est un élément HTML <dialog>
.
Je ne savais pas pourquoi on parlait de “modale”, ce qui distinguait ça d’une pop-up (pas un magasin éphémère). Tu sais la nouvelle fenêtre qui s’ouvre, mais pas de la taille de
l’écran. Format qui s’est évaporé avec son abus et l’inclusion de bloqueur de pop-up. Il y a bien dix années de ça. Peut-être quinze. Bien avant d’avoir besoin de les bloquer. Et
que des anti-bloqueurs se créent. Pour refourguer de la publicité surtout. Encore plus fourbes, il y avait aussi les pop-under : des pop-up qui s’ouvraient, mais en-dessous,
sans crier gare, qui t’attendaient au tournant. Tu découvrais après avoir fermé tes fenêtres (y’a une époque où on fermait nos fenêtres — avec le changement climatique on les garde
ouvertes, tant pis si on chauffe les oiseaux/twitter).
Les modales donc.
En cliquant sur role="dialog"
et aria-modal
pour comprendre la différence, la définition apparaît alors :
Ce sont les modalités de la modale.
Ça me pop-up le moral.